dimanche 27 février 2022

Conflit russo-ukrainien - Les équations économiques de l'Etat du Sénégal pour ne pas subir.

 

Cheikh Mbacké SENE, Expert en Intelligence économique et Analyste économique

Avec l'exclusion de la Russie de Swift, système financier mondial de référence qui centralise l'essentiel des transactions financières et commerciales, il est évident que le conflit russo-ukrainien n'épargnera pas l'économie mondiale et par inhérence aucun pays. La Russie a un poids géostratégique et économique dans l'échiquier commercial international. Pour le Sénégal, il est clair que, comme je l'ai déjà développé dans ma précédente analyse (impacts du conflit russo-ukrainien sur l'économie sénégalaise), son économie sera éclaboussée directement par le truchement de probable ralentissement dans les coopérations commerciales bilatérales avec les deux pays, mais aussi et surtout indirectement par les conséquences de la flambée du prix du baril et de la surenchère des produits qui en résulte..

A l'image de plusieurs pays, Le Sénégal vit une situation inattendue qui a des effets macroéconomiques sur l'économie lesquels se traduisent par un contrepoids sur ce qui était jusqu'ici considérée comme une reprise poussive, après la conjoncture résultant de la pandémie. La hausse du prix du pétrole entraîne généralement une augmentation du coût des consommations intermédiaires suivie d’un ralentissement de la production et de la productivité. Elle entraîne également un transfert de richesses entre les pays importateurs nets et les pays exportateurs nets de pétrole, un renchérissement des produits de première nécessité sur le marché mondial, une hausse de l’inflation, une baisse de la consommation de biens et de l’investissement, car l’environnement économique est incertain et suspendu à la durée de la guerre. Inutile donc d'expliquer l'impact sur un pays comme le Sénégal qui a une forte dépendance énergétique vis-à-vis des énergies non renouvelables, comme le gaz ou le pétrole. Ce qui a eu pour effet de rendre particulièrement vulnérable son système de production économique.

Comment subir la flambée des coûts énergétiques et maintenir la production et la productivité nationale en bon niveau pour ne pas gêner la reprise en cours? Comment soulager les importateurs pour stabiliser les prix, maintenir la consommation et contenir l'inflation éventuelle ?

Autant de questions auxquelles l'Etat du Sénégal doit faire face, en trouvant les moyens de gérer les surcoûts s'il veut maintenir le prix à la pompe, mais aussi et surtout ceux des denrées de première nécessité, nouvellement redéfinis. Tous les esprits vont naturellement vers la compensation. 

Maintenir la compensation à tout prix, même par le biais d'un endettement supplémentaire.

Pourtant l'incapacité de financement du pays (eu égard à plusieurs investissements structurels lourds) et la faiblesse ou la quasi-inexistence de l'épargne ne sont plus des secrets. Le recours à l'emprunt (endettement) est plus envisageable pour faire face à cette nouvelle donne économique.  

Suivre la logique économique avec des fluctuations des prix nationaux au rythme de celle du prix du baril aura des conséquences socio-économiques terribles sur le pays. Le contexte social pandémique a eu son impact politique aux dernières élections locales. Les bulletins de votes de quatre grandes villes ont porté les stigmates d'un malaise social que le gouvernement est en train de résoudre avec notamment la mesure de la baisse des denrées de première nécessité : le riz, l'huile et le sucre. Ces trois produits sont malheureusement tous importés pour l'essentiel. Il se pose naturellement la question du maintien des nouveaux prix, sachant qu'il y aura forcément de surcoût dans la production, le conditionnement et le transport. Et l'on sait pertinemment que de fortes hausses du prix du pétrole font toujours craindre un ralentissement de l’activité économique. 

A cela s'ajoute, la question du prix du pain qui devra intégrer le fait que les cours du blé atteignent des niveaux record sur les marchés des matières premières agricoles. Cette situation est expliquée par le fait que la mer Noire, zone du conflit où les navires de commerce ne naviguent plus, produit 15 % des volumes de blé mondiaux et exporte 40 % des blés échangés sur la planète. Se rappelant que le prix du pain a été revalorisé il y a à peine deux à trois mois dans un contexte très tendu entre l'Etat, les boulangers et le consommateur. Toutefois, tout dépend des partenaires commerciaux de nos importateurs de blé, s'ils s'approvisionnent aux États-Unis, en Argentine, en Australie ou encore en France, le risque reste toujours existant mais minime. 

Pour rester dans son élan social sans étouffer la reprise économique qui est en cours, l'Etat du Sénégal devra trouver les moyens de maintenir la compensation des produits de première nécessité. Un sacrifice qui devra passer par un endettement supplémentaire ou une redéfinition des priorités. L'Etat peut dores et déjà envisager une restructuration de la compensation pour des solutions plus structurelles avec en préalables des réformes, pourquoi pas instaurer un registre social unique qui permettrait au gouvernement d'aller vers un ciblage plus stratégique. Mais dans l'urgence,  le financement par la dette de la compensation peut contribuer à une croissance soutenue et inclusive.  Une résilience économique qui garantit une stabilité sociale.

Articles en lien avec le sujet :

L'exclusion de la Russie du système interbancaire Swift - C'est quoi Swift?

Exclusion from the Swift Interbank System - What is Swift?

Cheikh Mbacke SENE, Expert in Economic Intelligence, Monitoring -Economic analyst - PhD student in business administration (IAU, USA)

Swift (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication), is a platform, created in 1973 (to replace the aging Telex technology) and based in Brussels (Belgium), positioned as a reference tool for global finance and commercial transactions. It is a platform for the transit of payment orders between banks, bank customer funds transfer orders, purchase orders or even the sale of securities. The Swift platform has a standardized messaging system, allowing fast, confidential and inexpensive communication between financial institutions. It brings together more than 11,000 banking and securities organizations, market infrastructures and corporate clients in more than 200 countries and territories.

This sanction, which excludes many Russian banks, will have important consequences. Russia would be the second country after the United States in number of users with some 300 Russian banks and institutions members of the system (70% of the banking sector). More than half of Russian credit organizations are represented in Swift.

To thwart this sanction, Moscow has set up new financial infrastructures for payments, rating or transfers, via a system called SPFS.

However, it is important to know that this exclusion of the Swift interbank system introduces the world to a new conjuncture. To be continued

L'exclusion de la Russie du système interbancaire Swift - C'est quoi Swift?

 

Cheikh Mbacké SENE, Expert en Intelligence économique
Doctorant en administration des affaires (IAU, USA)

Swift (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication), est une plate-forme, créée en 1973 (pour remplacer la technologie vieillissante du Télex) et basée à Bruxelles (Belgique), positionnée comme outil de référence de la finance mondiale et des transactions commerciales. C'est une plateforme de  transit des ordres de paiement entre banques, ordres de transferts de fonds de la clientèle des banques, ordres d'achat ou encore de la vente de valeurs mobilières. La plateforme Swift est dotée d'un système de messagerie standardisé, permettant une communication rapide, confidentielle et peu coûteuse entre établissements financiers. Elle regroupe plus de 11 000 organisations bancaires et de titres, infrastructures de marché et entreprises clientes dans plus de 200 pays et territoires.

Cette sanction qui exclut de nombreuses banques russes aura des conséquences importantes. La Russie serait le deuxième pays après les Etats-Unis en nombre d'utilisateurs avec quelque 300 banques et institutions russes membres du système (70% du secteur bancaire). Plus de la moitié des organismes de crédit russes sont représentés dans Swift.

Pour contrecarrer  cette sanction, Moscou a mis en place de nouvelles infrastructures financières pour les paiements, notation ou les transferts, via un système baptisé SPFS. 

Toutefois, il importe de savoir que cette exclusion de la du système interbancaire Swift introduit le monde dans une nouvelle conjoncture. A suivre


samedi 26 février 2022

Conflit russo-ukrainien - Les équations économiques du Sénégal pour ne pas subir.

                                                Cheikh Mbacké SENE, Spécialiste en intelligence économique Analyste économique

Il est évident que le conflit russo-ukrainien n'épargnera pas l'économie mondiale et par inhérence aucun pays du fait du poids géostratégique de la Russie dans l'échiquier commercial international. Pour le Sénégal, il est clair que, comme je l'ai déjà développé dans ma précédente analyse (impacts du conflit russo-ukrainien sur l'économie sénégalaise), son économie sera éclaboussée directement par le truchement de probable ralentissement dans la coopération commerciale bilatérale avec l'Ukraine, mais aussi et surtout par les conséquences directes de la flambée du prix du baril et de la surenchère des produits qui en résulte..


A l'image de plusieurs pays, Le Sénégal vit une situation inattendue qui a des effets macroéconomiques sur l'économie lesquels se traduisent par un contrepoids sur ce qui était jusqu'ici considérée comme une reprise poussive, après la conjoncture résultant de la pandémie. La hausse du prix du pétrole entraîne généralement une augmentation du coût des consommations intermédiaires suivie d’un ralentissement de la production et de la productivité. Elle entraîne également un transfert de richesses entre les pays importateurs nets et les pays exportateurs nets de pétrole, un renchérissement des produits de première nécessité sur le marché mondial, une hausse de l’inflation, une baisse de la consommation de biens et de l’investissement, car l’environnement économique est incertain et suspendu à la durée de la guerre. Inutile donc d'expliquer l'impact sur un pays comme le Sénégal qui a une forte dépendance énergétique vis-à-vis des énergies non renouvelables, comme le gaz ou le pétrole. Ce qui a eu pour effet de rendre particulièrement vulnérable son système de production économique.

Comment subir la flambée des coûts énergétiques et maintenir la production et la productivité nationale en bon niveau pour ne pas gêner la reprise en cours? Comment soulager les importateurs pour stabiliser les prix, maintenir la consommation et contenir l'inflation éventuelle ?

Autant de questions auxquelles l'Etat du Sénégal doit faire face, en trouvant les moyens de gérer les surcoûts s'il veut maintenir le prix à la pompe, mais aussi et surtout ceux des denrées de première nécessité, nouvellement redéfinis. Tous les esprits vont naturellement vers la compensation. 

Maintenir la compensation à tout prix, même par l'endettement supplémentaire.

Pourtant l'incapacité de financement du pays (eu égard à plusieurs investissements structurels lourds) et la faiblesse ou la quasi-inexistence de l'épargne ne sont plus des secrets. Le recours à l'emprunt (endettement) est plus envisageable pour faire face à cette nouvelle donne économique.  

Suivre la logique économique avec des fluctuations des prix nationaux au rythme de celle du prix du baril aura des conséquences socio-économiques terribles sur le pays. Le contexte social pandémique a eu son impact politique aux dernières élections locales. Les bulletins de votes de quatre grandes villes ont porté les stigmates d'un malaise social que le gouvernement est en train de résoudre avec notamment la mesure de la baisse des denrées de première nécessité : le riz, l'huile et le sucre. Ces trois produits sont malheureusement tous importés pour l'essentiel. Il se pose naturellement la question du maintien des nouveaux prix, sachant qu'il y aura forcément de surcoût dans la production, le conditionnement et le transport. Et l'on sait pertinemment que de fortes hausses du prix du pétrole font toujours craindre un ralentissement de l’activité économique. 

A cela s'ajoute, la question du prix du pain qui devra intégrer le fait que les cours du blé atteignent des niveaux record sur les marchés des matières premières agricoles. Cette situation est expliquée par le fait que la mer Noire, zone du conflit où les navires de commerce ne naviguent plus, produit 15 % des volumes de blé mondiaux et exporte 40 % des blés échangés sur la planète. Se rappelant que le prix du pain a été revalorisé il y a à peine deux à trois mois dans un contexte très tendu entre l'Etat, les boulangers et le consommateur. Toutefois, tout dépend des partenaires commerciaux de nos exportateurs de blé. S'ils s'approvisionnent aux États-Unis, en Argentine, en Australie ou encore en France, le risque reste toujours existant mais minime. 

Pour rester dans son élan social sans étouffer la reprise économique qui est en cours, l'Etat du Sénégal devra trouver les moyens de maintenir la compensation des produits de première nécessité. Un sacrifice qui devra passer par un endettement supplémentaire ou une redéfinition des priorités. L'Etat peut dores et déjà envisager une restructuration de la compensation pour des solutions plus structurelles avec en préalables des réformes, pourquoi pas instaurer un registre social unique qui permettrait au gouvernement d'aller vers un ciblage plus stratégique. Mais dans l'urgence,  le financement par la dette de la compensation peut contribuer à une croissance soutenue et inclusive.  Une résilience économique qui garantit une stabilité sociale.


jeudi 24 février 2022

Impacts of the Russian-Ukrainian conflict on the Senegalese economy.

Cheikh Mbacké Sène, expert in economic intelligence


The new war in Ukraine has caused oil and gas prices to soar. Wheat, copper and gold remain among the other commodities most exposed to potential fluctuations in this situation. What economic impacts will the Russian-Ukrainian conflict have on Senegal, which has maintained diplomatic, economic and trade relations with Russia since 1962 and Ukraine since 1992?

The world economy has a reality: when a major power or region sneezes, trade catches a cold. The breakup of the Russian-Ukrainian will inevitably have an impact on the world economy in general and in Africa in particular. The two states in conflict have either direct economic relations with most African countries, or with other powers which, in turn, maintain strong trade relations with them. Directly or indirectly, the consequences will be felt in the various commercial exchanges, even if the dimension of the impact will depend on the duration of the conflict and the sanctions which could result from it against Moscow. And this, taking into account the fact that the other powers can only take "soft" sanctions with regard to the military power, the importance and the place of Russia (new ally of China) on the chessboard. global economy.

The rise in the price of a barrel of oil to more than 100 dollars, a first since 2014, announces the color of the upcoming surge in the costs of imports and other finished products. This can slow down the progress of trade between Russia and Africa, which has been running at more than $20 billion since 2018. We will have to be measured on the prospects for imports from this region of the world, recalling that Senegal (as far as he is concerned) figures prominently in the top 10 African partner countries of Russia alongside South Africa, Algeria, Egypt, Kenya, Ivory Coast, Morocco , Nigeria, Sudan and Tunisia. It is important to remember that Moscow provides 11.5% of the world's supply and is the second largest exporter as well as the third largest producer of crude oil. Some 2.3 million barrels of Russian crude oil leave for Europe every day.

Senegal's exports and imports of crude and finished petroleum products are shown. Senegal, whose imports of crude petroleum oils were up by +17.8% and its finished petroleum products by +28.8%, will have to suffer from the fluctuation of the barrel, both on commercial products and at the level of the pump. Unless the state revises the compensation. Petroleum products are thus one of the main products exported from Senegal with 8.9% of the country's exports in 2018 against 8.4% in 2017. Senegalese exports of petroleum products, which are now around 9% (growing since 2017 ) could also have impacts and experience a stabilization if not even a decline, if we know that their evolution remains dependent on world oil prices.

This can also affect the processing volume of the Société Africaine de Raffinage (SAR), which enables the supply of countries in the sub-region (Mali, Burkina Faso, Togo, Mauritania and Liberia), both level of the costs of the products than those of transport, since the supply is done by ships and aircraft. The impossibility of protecting the free movement of goods to Ukraine will have an economic impact on trade between Kiev and Dakar, the volumes of which are unsuspected. Indeed, between January and October 2021 alone, the volume of trade is estimated at 101.58 million USD with a positive balance for Ukraine of 97.78 million USD. Over the same period, exports from Ukraine to Senegal increased to 99.68 million USD. The main items of Ukrainian exports concern cast iron, iron and steel (84.5%), fats, animal or vegetable oils (10.0%) and cereals (1.7%).

Senegalese exports to Ukraine are valued at 1.9 million USD and consist mainly of fish and shellfish (55.3%), ores, slag and ash (38.4%). The conflict will have direct and indirect economic consequences, beyond energy issues. Beyond the direct impacts inherent in bilateral cooperation between Senegal and Ukraine or even Senegal and Russia, we could expect an increase in several products. The oil boom is likely affecting other rising prices in other sectors of the economy, which may lead to slower growth in demand and therefore lower production.

This situation comes at a time when the world economy is recovering, following the Covid years, installing uncertainty on the markets, but at the ssi in investment projects (FDI and national). The inflation that may result from international oil and gas prices will probably cause central banks to react, most likely to raise interest rates and move towards monetary tightening. But all this will depend on the duration of the conflict.

Impacts du conflit russo-ukrainien sur l'économie sénégalaise.



Cheikh Mbacké Séne, Expert en intelligence économique et Veilles - Analyste économique

La nouvelle guerre en Ukraine a fait bondir les cours du pétrole et du gaz. Le blé, le cuivre et l’or restent parmi les autres produits les plus exposés aux fluctuations potentielles, dans cette situation. Quels impacts économiques aura le conflit russo-ukrainien sur le Sénégal, qui entretient des relations diplomatiques, économiques et commerciales avec la Russie depuis 1962 et l'Ukraine depuis 1992? 

L'économie mondiale a une réalité: lorsqu'une puissance ou une région importante éternue, les échanges commerciaux s'enrhument . L'éclatement du russo-ukrainienne va forcément avoir un impact sur l'économie mondiale en général et en Afrique en particulier. Les deux Etats en conflit ont soit des relations économiques directes avec la plupart des pays africains, soit avec d'autres puissances qui, à leur tour, entretiennent des relations commerciales fortes avec eux. De façon directe ou indirecte, les conséquences se sentiront dans les différents échanges commerciaux, même si la dimension de l'impact dépendra de la durée du conflit et des sanctions qui pourraient en découler en défaveur de Moscou. Et ce, en prenant compte du fait que les autres puissances ne peuvent prendre que des sanctions "softs" au regard de la puissance militaire, de l'importance et de la place de la Russie (nouvel allié de la Chine) sur l'échiquier économique mondial.


La hausse du prix du baril du pétrole à plus 100 dollars, une première depuis 2014, annonce la couleur de la flambée prochaine des coûts d'importations et autres produits finis. Ce qui peut freiner la progression des échanges commerciaux entre la Russie et l’Afrique qui tournent à plus de 20 milliards $ depuis 2018. Il va falloir être mesuré sur les perspectives concernant les importations en provenance de cette région du monde, rappelant que le Sénégal (en ce qui le concerne ) figure en bonne place dans le top 10 des pays africains partenaires de la Russie à côté de l’Afrique du Sud, l’Algérie, l’Egypte, le Kenya, la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Nigeria, le Soudan et la Tunisie. Il est important de rappeler que Moscou fournit 11,5% de l’offre mondiale et est le deuxième exportateur ainsi que le troisième producteur de pétrole brut. Quelque 2,3 millions de barils de pétrole brut russe partent chaque jour vers l’Europe. 


Les exportations et les importations du Sénégal de produits pétroliers bruts et finis sont exposées. Le Sénégal dont les importations en huiles brutes de pétrole ont été en hausse de +17,8% et ses produits pétroliers finis de +28,8% devra subir la fluctuation du baril, tant sur les produits commerciaux qu'au niveau de la pompe. A moins que l'Etat révise la compensation. Les produits pétroliers constituent ainsi un des principaux produits exportés du Sénégal avec 8,9% des exportations du pays en 2018 contre 8,4% en 2017. Les exportations sénégalaises en produits pétroliers qui avoisine aujourd'hui les 9% (en croissance depuis 2017) pourraient également avoir des impacts et connaître une stabilisation sinon même un recul, si l'on sait que leur évolution reste tributaire des cours mondiaux de pétrole. 


Cela peut également jouer sur le volume de traitement de la Société Africaine de Raffinage (SAR) qui permet l’approvisionnement des pays de la sous-région (le Mali, le Burkina Faso, le Togo, la Mauritanie et le Libéria), tant au niveau des coûts des produits que ceux du transport, puisque l'approvisionnement se fait par navires et aéronefs. L'impossibilité de protéger la libre-circulation des biens vers l'Ukraine aura un impact économique sur les échanges commerciaux entre Kiev et Dakar dont les volumes sont insoupçonnés. En effet, rien qu'entre janvier et octobre 2021, le volume des échanges commerciaux sont estimés à 101.58 millions USD avec un solde positif pour l'Ukraine de 97.78 millions USD. Sur la même période, les exportations de l'Ukraine vers le Sénégal sont passées à 99.68 millions USD. Les principaux postes des exportations ukrainiennes concernent la fonte, fer et acier (84,5%), graisses, huiles animales ou végétales (10,0%) et céréales (1.7%). 


Les exportations sénégalaises vers l'Ukraine sont évaluées à 1.9 millions USD et se composent principalement des poissons et crustacés (55.3%), des minerais, scories et cendre (38.4%). Le conflit va avoir des conséquences économiques directes et indirectes, plus loin que les questions liées à l’énergie. Au-delà des impacts directs inhérents aux coopérations bilatérales entre le Sénégal et l'Ukraine ou encore le Sénégal et la Russie, l'on pourrait s'attendre à la hausse de plusieurs produits. La flambée du pétrole affecte sans doute d'autres prix qui augmentent dans d'autres secteurs de l'économie, lesquels peuvent entraîner une croissance plus lente de la demande et donc à une baisse de production. 


Cette situation arrive au moment où l'économie mondiale se relance, à la suite des années Covid, installant l'incertitude sur les marchés, mais aussi dans les projets d'investissement (IDE et nationaux). L’inflation qui peut résulter des prix du pétrole et du gaz à l'international poussera probablement  les banques centrales à réagir, très probablement à revoir à la hausse les taux d’intérêt et aller vers un resserrement monétaire. Mais tout cela dépendra de la durée du conflit. 

samedi 19 février 2022

Africa and digital transformation.


To support the continent's technological and cultural changes, mastering digital transformation is essential for companies and governments alike. Digital transformation is a must for a competitive economy. It is today, in essence, a tool of modernity, performance and globalization.

The digital transformation offers, for once, a great opportunity for African countries to reduce not only the digital divide, but the crucible that separates them from the great powers, among other locomotives of the global economy. Following the classic process of technological evolution is synonymous with maintaining the gap between the powers of "middle-income" countries.

In Africa, the emergence sung must be - in the understanding and in the act - an ingenious model which tends to find solutions and shortcuts structural, technological effective thanks to R&D.

For a rich and under-exploited continent, moreover in search of solutions to boost its economy, create value and resolve the thorny issues of training and youth unemployment, ICTs are proving to be a godsend. We still need to know how to seize the opportunities offered by digital.

Africa, which recorded a growth rate of broadband in Africa between 2015 and 2016, a mobile penetration rate in sub-Saharan Africa of 44% in 2017 against 25% at the start of the decade and a growth in the use of mobile of 344% between 2007 and 2016, understands the stake it seems 58%.

Digital is already causing upheavals that it can paradoxically help to control. The real issue is elsewhere. Because beyond the business and organizational aspects, the real challenge remains that of foresight. Tomorrow, the continent will have to have companies that are owners but also masters of their data, followers of Data Analytics, innovative in the artificial intelligence sector... So many new opportunities but also so many new questions that must be asked for digital sovereignty. tomorrow.


Cheikh Mbacke SENE

Expert in Business Intelligence, Monitoring and Communication

L'Afrique et la transformation digitale.


Pour accompagner les mutations technologiques et culturelles du continent, la maîtrise de la transformation digitale est primordiale pour les entreprises comme pour les Etats. La transformation digitale est un passage obligé pour une économique compétitive. Elle est aujourd'hui, en substance, un outil de modernité, de performance et de mondialisation.

La transformation digitale offre, pour une fois, une belle opportunité au pays africains pour réduire non seulement la fracture numérique, mais le creuset qui les sépare des grandes puissances, entre autres locomotives de l'économie mondiale. Suivre le processus classique d'évolution technologique  est synonyme du maintien de l'écart entre les puissances des pays à "revenu intermédiaire".

En Afrique, l'émergence chanté doit être - dans l'entendement et dans l'acte - un modèle ingénieux qui tend à trouver des solutions et raccourcis structurels, technologiques performants grâce au R&D. 

Pour un continent riche et sous exploité, de surcroît en recherche de solutions pour doper son économie, créer de la valeur et résorber les épineuses questions de la formation et du chômage des jeunes, les TIC s'avèrent être une aubaine. Encore faudrait-il savoir comment saisir les opportunités offertes par le digital.

L'Afrique, qui enregistre un taux de croissance du haut débit en Afrique entre 2015 et 2016 , un taux de pénétration du mobile en Afrique subsaharienne de 44% en 2017 contre 25% au début de la décennie et une croissance de l'utilisation du mobile de 344% entre 2007 et 2016, comprend l'enjeu semble-t-il 58 %. 

Le digital entraine déjà des bouleversement qu'il peut paradoxalement aider à maitriser. Le véritable enjeu est ailleurs. Car au-delà des aspects business et organisationnels, le véritable enjeu reste celui de la prospective. Le continent devra demain compter des entreprises propriétaires mais aussi maîtresses de leurs données, adeptes du Data Analytics, innovantes sur le secteur de l’intelligence artificielle… Autant de nouvelles opportunités mais aussi autant de nouvelles questions qu'il faut se poser pour une souveraineté digitale demain.

Cheikh Mbacké SENE

Expert en Intelligence économique, Veilles et communication sensible

La veille et l'intelligence économique au service de l'action publique.

Face à un contexte difficile et une profusion d'informations, de désinformations, fake-news... qui parfois fondent les opinions, à tort ...