Cheikh Mbacké SENE, Expert en Veille et intelligence
économique - Analyste économique
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Ce jeudi 09 avril
2020 sera celui de tous les espoirs pour le marché du pétrole. Les trois plus
grands producteurs, en l'occurrence les Etats Unis, l'Arabie Saoudite et la Russie,
qui ont tenu avec la pandémie du Coronavirus le marché en haleine, finissent par
entendre raison. Ils ont tous accepté de reprendre les négociations pour
trouver un moyen de réguler la production mondiale, stabiliser les prix des
cours et résoudre dans la foulée les trois équations évoquées dans mon analyse
de la semaine dernière intitulée "L’OPEP+
en suspens sur un marché étouffé par 3 équations à 3 inconnues".
Dans mon analyse
précédente je rappelais en substance l'impossible persistance des trois
plus grands producteurs mondiaux de pétrole à vouloir mainteneur le jeu de
poker auquel aucun ne pouvait sortir indemne. Même s'il faut considérer
que Moscou est celui qui y perd le moyen, elle verra ses recettes baisser avec
la chute du prix du baril. L'échec des négociations OPEP-Russie
(OPEP+) est une malencontreuse tournure qui enfonce le marché. Une situation
de récession inédite qui conduirait à une saturation de la capacité de stockage, d'ici l'été, si la
situation ne change pas.
L'annonce de la
reprise des négociations jeudi aura déjà un impact positif sur les marchés
en début de semaine.
Il est important
de re-situation le contexte. La guerre des prix lancée par Riyad au lendemain
de l'échec des négociations OPEP-Russie (OPEP+) n'a pas encore livré tous ses
secrets. Mais dans cette « guerre commerciale » sur fond de
crise, la désagrégation du cours du Brent tout comme la surproduction ne
profiteront quasiment à personne. Pas même à l'Arabie Saoudite pourtant premier
producteur mondial. Sinon un petit peu à la Russie lancée dans une
guerre contre les producteurs américains de pétrole de schiste et leur
stratégie de marché qu'elle juge nuisible pour son économie. En effet, Moscou,
qui a besoin de ses recettes pétrolières et gazières, estime
que les producteurs américains de pétrole de schiste bénéficient des
coûts d’exploitation très bas pour garder pignon sur le marché. Cette
situation qui proroge les incertitudes économiques jette de l'inquiétude
sur les perspectives non seulement de la productivité et de la
commercialisation, mais sur les stockages (logistiques et
infrastructures).
Dans
cette guerre des parts de marché, l'offre explose alors que la demande est en
chute libre avec la pandémie. Cette situation actuelle du marché engendre un surplus
d'offre supérieur à 20 millions de barils difficile à écouler. Les Etats
Unis qui, jusqu'ici, refusaient "l'effort" demandé par Moscou est le
premier à subir les contre-coût de la guerre des prix lancée par Ryad.
L'impasse laisse présager un autre risque : celui saturation de la
capacité de stockage, d'ici l'été, si la situation ne change pas. Inquiets et
alertes, les producteurs américains commençaient déjà à se lancer dans une
sorte de ..."Dumping" maquillé pour décongestionner leurs sites de
stockage. A ce rythme, les stockages seront
pleins à ras bord d'ici à quelques semaines. La situation est inédite dans
l'histoire plus que centenaire de l'or noir. La demande mondiale pourrait
chuter de 20 à 30 millions de barils par jour au deuxième trimestre, soit
un recul de 20 à 30 %.
Même s'il n'est
pas joué d'avance que les Américains cèdent à la demande des Russes, le simple
effet d'annonce de la reprise des négociations peut avoir un effet positif sur
les marchés financiers en ce début de semaine. L'on pourrait espérer une légère
évolution des prix avant même accord, et ce dès la fin de séance de ce lundi 06 avril 2020.
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